Nouveau jeu poétique sur Oiseau Lyre !
A vos plumes !
Je lance le nouveau jeu poétique de la semaine. Cette fois -ci il s'agira d'écrire, à partir de l'oeuvre d'art ci-dessous "La métamorphose de Roberta" de Vival33, artiste talentueuse de Myart :
- Soit un poème en vers ou en prose
- Soit un conte devant impérativement commencer par "il était une fois"
Je vous invite chaleureusement à aller découvrir les merveilleuses créations artistiques de Vival en cliquant sur les logos ci-dessous :
Comme d'habitude ce jeu poétique est sans limite date. Prévenez-moi dés que vos participations sont en ligne sur vos blogs et je viendrai les chercher. Amusez vous bien les ami(e)s !
La métamorphose de Roberta
de Vival33
Dessin craies sèches.
Support papier A3 (90g).
LES PARTICIPANTS :
Ma participation (Oiseau lyre)
Coockers (le blog de Coockers) lien
Tétrao (le blog de Tétrao) lien
Enriqueta (les mots offerts) lien
Luminelle (le blog de Luminelle) lien
Marie (Marie-Prose) lien
Bataillou (le blog de Reinette) lien
Fuxy le renard (le terrier des renards) lien
Claudie Becques (Litterances) lien
Asicq (le blog d'Asicq) lien
Ma participation
La métamorphose de Roberta
Un jour une Dame crapaud répondant au doux nom
De Roberta Trobut, las de ses pieds palmès
Se surprit à rêver d’un prince beau garçon
Qui d’un baiser romprait le sort sur elle jeté
Car voyez vous il fut un temps où Roberta
Telle une blanche colombe à l’allure gracile
Autour d’elle de lumière inondait à chaque pas
Tant sa beauté de femme rendait les hommes fébriles
C’est peut-être si je puis me permettre l’expression
Ici que le bas blesse pour notre demoiselle
Car une sorcière cruelle surnommée Le laideron
Rageait en ce royaume de n’être la plus belle
Un jour que Roberta se promenait gaiement
Dans les bois sirotant des cerises à l’eau de vie
La sorcière la surprit et lui dit violemment
Qu’à boire comme un trou elle n’était point jolie
Or, notre demoiselle bien loin de se fâcher
De cette attaque ouverte de la vieille sorcière
Une fois qu’elle fut assise pour ne plus tituber
Répondit à son hôte de sa voix la plus claire :
« La bave du crapaud chère Dame que vous êtes
N’atteint la blanche colombe que je suis voyez vous
Et vos dires nauséeux en votre esprit jaloux
Ne trouvent aucun écho à dire vrai en mon être »
La sorcière fulminait de rage et de colère
Et sortit de sa cape une fiole toute rose
Aspergeant du liquide qui fit virer au vert
Ladite Dame Roberta en une métamorphose
Depuis ce jour funeste elle croassait salie
Et se saoulait putride de cette eau poissonneuse
Seul moyen d’oublier un peu la félonie
De la vieille sorcière qui la fit malheureuse
Quand soudain un matin s’approcha de la mare
Un prince narcissique qui voulut s’observer
Dans l’eau bien trop noirâtre pour refléter blafard
Son visage disgracieux de vérole tuméfié
Imprudent qu’il était il s’approcha si prés
De la bouillasse puante aux effluves putrides
Qu’il finit par tomber dans la mare glacée
Et de vains mouvements se débattit livide
Alors que vaincu il se laissait mourir
Roberta de ses pattes certes un peu maladroites
S’empara d’un morceau de bois et sans faillir
Surnagea jusqu’au prince agitant les eaux plates
L’homme s’en saisit alors et échappa de peu
A une mort certaine qui d’une faucille experte
Attendait de pied ferme qu’un prince malheureux
Mange les pissenlits par la racine, inerte
Le prince très ému d’une telle compassion
Qu’un crapaud lui avait en ce jour accordé
Lui demanda comment remercier en son nom
Un acte de bravoure d’une telle volupté
Roberta réfléchit l’espace d’un instant
Et pria ledit prince de vouloir déposer
Sur ses lèvres rugueuses à l’aspect répugnant
Un doux et passionné baiser de chevalier
Bien que pris de dégoût le prince s’exécuta
Craignant probablement un retour de bâton
S’il n’exauçait le vœu de celle qui du trépas
Le sauva de cette mare grouillante d’hannetons
Et tandis que l’étreinte allait rompre le sort
Pardonnez moi lecteurs si j’omets des détails
Roberta de frissons sentit frémir son corps
Qui redevint celui de la belle qu’on assaille
Le prince n’en revint pas et voulut l’épouser
Mais Roberta Trobut dans un rire un peu fou
Lui dit qu’ils étaient quitte et l’envoya valser
Préférant une bière à ce prince un peu fou
Déborah Bernardeau
La participation d'Asicq
Une grenouille vivant dans ma marre, un jour se mit à me parler.
J'étais assis au bord de l'eau à me prélasser, à me détendre,
Quand soudain ce batracien se mit à parler à qui voulait l'entendre,
Et soyons franc, plus précisément à celui qui voulait bien l'écouter.
La belle en cuisses voulait en conter,
Et son histoire voulait bien la partager
Alors dans le voisinage et seul à parler,
Seul à parler l'humain et en français,
Je me sentis bien obligé de l'écouter,
A l'écouter me conter sa vie chamboulée.
J'apprenais que cette belle en cuisses,
n'était pas une mais un beau en cuisses.
C'était bien là son tout premier malheur,
car seul un prince pouvait faire son bonheur...
et vous le savez bien amis lecteurs
que tout gens princiers ensorcelés
par un et un seul baisé du sexe opposé
peut reprendre son apparence primeure.
Avant de lui faire le poutou délivreur
je souhaitai comprendre son malheur
et le pourquoi de cette transformation
en une grenouille impropre à la cuisson
il me raconte qu'en tant que chanteur
il vivait de sa superbe voix de soprano
Au court d'une prestation le chant déraillât
le musicien l'accompagnant ne suffit pas
ne suffit pas à sauver le spectacle du fiasco
la représentation finit alors de bonne heure.
un mage présent dans le public
lui voua tous les maux du monde
ce magicien au comportement critique
était en fait le maitre de ces lieux ludiques
ne supportant pas d'être la risée
il lui jeta un sort des plus sévères
et l'on n'en ferait plus d'histoire
de le voir chanter comme un canard
alors d'un coup de baguette déterminé
suivi d'une incantation bien tournée
le voici transformé en une grenouille
sans avoir le temps de dire ouille
jolie grenouille certes, mais un peu entêtante
et si son histoire est des plus pationnantes
sa présence n'en reste pas moins de trop
j'avais projeté de profiter d'un moment solo
j'attrapais le beau batracien
l'emportais chez mon voisin
boucher de son état il en ferait du pâté
mais d'un coup je perdis l'appétit car je me réveillai.
en voilà bien de la tourmente, pour ce moment de détente
je me surprend à réver, qu'un paté de grenouille je pourrai déguster.
ce joli coin bucolique auprès de ma marre, n'est pas des plus pénard
la prochaine fois qu' une envie me prendra, j'irai dormir dans le sofa.
Asicq
La participation de Fuxy le renard
La métamorphose de Roberta (tanka)
D’un prince charmant
La princesse Roberta
Attend un baiser
Pour annuler le charme
Métamorphose en crapaud
Fuxy le renard
La participation de Bataillou
La métamorphose du Crapoussin
Il était une fois,
Un vilain crapoussin
Qui en permanence crachait du venin.
Pour une jolie fille, il avait le béguin.
Il lui offrit un joli brodequin.
Ayant deviné son dessein,
Elle lui dit préférer un clavecin
Pour y jouer ses refrains.
Il fit faire l’engin
Et revint un matin
Avec en plus un bouquet de jasmins.
Au premier son argentin
Il fut transformé en corbin.
Le crétin se croyait malin.
Il n’avait pas vu le lutin
Collé à son arrière-train,
Sur ordre de l’enchanteur merlin
Qui n’allait pas laisser à ce malandrin,
De surcroit philistin,
Une aussi jolie fille encore dans son écrin.
La jolie fille adopta le corbin.
Il la suit par tous les chemins.
Quand la lune est à son déclin,
Perché sur le fortin,
il crache encore son venin.
Bataillou
Il était une fois une grenouille qui habitait sur la rive d 'un canal paisible,
infestée par ses congénères qui tous les soirs pour cette dame crapaud chantaient la sérénade.
Cette grenouille qui avait pour prénom Roberta se sentait pousser des ailes quand les crapauds autour d'elle coassaient en coeur.
Elle rêvait , elle imaginait être reine d'un royaume ,dont les sujets la vénèreraient comme une déesse.
Mais hélas ,reine seule et triste! Personne à ses côtés , personne pour lui dire des mots tendres, personne qui vanterait ses grands yeux <crapaud mort d'amour>,ses grands doigts palmés, sa langue longue et gluante, sa voix mélodieuse .
Pauvre petite rainette au coeur gros mais vide . Elle aimerait tant rencontrer son prince charmant,bel apollon à la voix soprano qui serait le chef de cet orchestre.
Complètement absorbé dans ses songes et son désespoir, elle n' entend pas le ton suave d'un musicien appartenant au fan club du soir.
Chaque crépuscule rappelait le crépuscule de la veille. Roberta restait sourde au chant de son admirateur.
Un soir, fatigué de chanter en vain ,il eut une idée de génie qui le fit hurler de joie.
Le lendemain il se joint à ses frères de chant coiffé d 'une couronne .
Les crapauds surpris le regardaient ,quelque peu jaloux .Ils avaient compris que Roberta ne manquerait pas de le remarquer cette fois, et ce qui devait arriver, arriva.
Grand dieu des crapauds !! est tu le prince charmant ?? Est tu le crapaud de mes rêves?? Est tu celui que mon coeur espère depuis ces années interminables ??
Roberta avait le coeur qui battait la chamade, elle était folle de joie.
:<Il est couronné ,cela ne peut être que mon prince se dit elle.>
< Accepte tu de règner à mes cotés dans mon monde? d'être celui qui enchante mon âme? Veux tu vanter mes mérites et ma beauté?
Alors le crapaud ,sourire aux lèvres, couronne élégamment portée,fier comme 'Artaban" se campe devant Roberta et la toise d'un oeil noir. Sans répondre, devant l'orchestre impatient,il enlève le diadème, se racle la gorge, gonfle ses poumons et prend sa voix la plus suave, son chant résonne dans le silence des ténèbres.
:< Rêve jolie Roberta, rêve à ton prince mais n'oublie pas que la vie est autre et que les princes n'existent pas. Rêve belle Roberta car je suis un prince sans royaume mais débordant d'amour pour toi.>
Les sanglots dans la voix le faux prince disparut à jamais dans la nuit.
On apprit quelque temps plus tard qu'une jolie grenouille avait succombé au charme du crapaud sans couronne. Il l'épousa et chaque soir pour sa belle il entonnait une suave sérénade.
Quand à Roberta , sur la rive de son canal , toujours seule elle rêve à son prince charmant.
Pauvre petite Rainette.
La participation de Luminelle
(enfin un petit délire que personnellement je trouve génial)
Damoiselle Roberta vient de mettre ses Tétards
Au plumard...
Elle va maintenant se jeter dans la mare
Pour brasser parmi les nénuphars,
C'est sûr elle ne va pas veiller tard.
Bon, c'est décidé j'me barre,
Allez, il est tard,
J'me casse dare-dare...
Luminelle
La participation de Luminelle
(la vraie participation !!!)
Il était une fois, une ravissante Princesse
A la longue chevelure cuivrée et épaisse.
Jeune grenouille aux multiples richesses,
Elle était gage de belles promesses.
Unique fille de sa lignée,
Elle était courtisée par de vaillants ranidés
Qui, d'eau, se querellaient à coups de jets
Pour conquérir son coeur esseulé.
Son père, le Roi, ordonna qu'un soir
Une fête soit donnée sur le nénuphar
Le plus majestueux de la mare
Pour y célèbrer ses épousailles, en grande fanfare.
Libellules, Abeilles, Papillon, Coccinelles, en invités
De prestige, faisaient ripaille tandis que Sir Criquet
Animait de son chant un ballet d'Orvets.
Acrobate, Miss Sauterelle, son public époustoufflait.
Tandis que la fête battait son plein,
Princesse Roberta camoufflait son chagrin...
On lui avait désigné le plus vilain
Des crapauds... Ses doux rêves s'étaient éteints.
Luminelle - 19/06/2009
La participation de Tétrao
Ballade pour ma princesse des marais
La participation de Coockers
Il était une fois dans un village
Un étang à l'ombre des ramages
Une princesse toute en pleurs
Effeuillant mélancolique une fleur
Au dernier pétale tombé dans l'eau
Un leger scintillement d'étoiles de feu
Pris naissance à la surface vaguelée
D'un bond une grenouille à ses côtés
Que de larmes sur un aussi joli minois
Lança la grenouille non sans émoi
Princesse de toujours raconte moi tout
Apprends qu'il y a solution à tout
Princesse sans prince charmant je suis
Pourquoi un beau destin ainsi me fuit
Comment faire pour tout changer
Je n'ai plus le courage de continuer
Écoute princesse lui dit la grenouille
Tu ne fileras pas toujours ta quenouille
Un prince viendra pour t'enlever
En reine ton destin sera changer
J'étais comme toi il y a longtemps
A la recherche d'un prince charmant
D'un simple baiser en reinette je fus changer
D'un simple sourire en reine tu seras changer.
Coockers
La participation de Claudie Becques
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Il était une fois Le Roi et La reine du Romelaëre, qui vivaient dans le Nord de la France dans un château entouré de marais.
De leur union naquit Roberta, une très jolie princesse, mais au caractère très antipathique.
Elle se moquait de tous les prétendants qui se pressaient autour d’elle et la couvraient de cadeaux. Celui-ci avait un nez trop long, cet autre était trop petit, lui trop gros, celui-là avait des oreilles d’éléphant, bref aucun d’entre eux n’était, disait-elle, « digne de sa beauté ».
Un jour qu’elle se gaussait encore d’un malheureux qui, parait-il, possédait « les gros yeux globuleux d’un crapaud », l’éconduit se mit à crier haut et fort que la jeune fille regretterait ses sarcasmes.
Il fut aussitôt arrêté par les gardes royaux, mais lorsqu’ils l’enfermèrent dans une des geôles du château, il se transforma en batracien, qui sauta et se jeta d’entre les barreaux de la meurtrière, dans les douves, sous les yeux médusés des militaires.
Roberta, aimait aller se promener dans les marais pour observer le merveilleux ballet des cygnes blancs sur l’eau. Elle emmenait avec elle pour l’accompagner, sa jeune soubrette prénommée Marie, lui intimant l’ordre de lui porter son grouet, un outil semblable à un crochet qui lui permettait de tirer vers elle pour les cueillir, quelques iris sauvages qu’elle affectionnait particulièrement.
Ces promenades étaient particulièrement désagréables à l’enfant qui, devenait le souffre-douleur de la détestable princesse.
Un jour une tige d’iris résista tellement que cette dernière tomba dans l’eau.
Tout d’abord épouvantée, la petite servante, fut prise d’un violent fou-rire en voyant la jolie chevelure habituellement couleur d’or de sa maîtresse, dégouliner de cette eau trouble et parsemée de lentilles.
La princesse folle de rage hurlait « Marie le grouet ! Tends moi le grouet… » Mais plus la princesse se débattait, plus l’enfant riait, et l’autre peu à peu s’enlisa.
Sur la berge, les yeux globuleux d’un crapaud observaient la scène sans bouger, puis il s’enfonça dans les roseaux lorsque plus aucun bouillon ne remonta plus à la surface.
La fillette prit alors conscience de toute l’étendue du drame et, courut en larmes et en tremblant annoncer la terrible nouvelle à ses souverains qui diligentèrent des secours, en vain.
Le corps de la princesse ne fut jamais retrouvé, et le roi et la reine ne survécurent pas au chagrin.
Les anciens de la petite contrée du Romelaëre racontent pourtant encore aujourd’hui qu’à partir de ce jour-là, tous les enfants qui s’approchaient trop près de l’eau furent mystérieusement happés par le crochet d’une drôle de créature mi-femme, mi-crapaud portant couronne, qui surgissait de la vase des marais en hurlant « Marie le grouet ».
C’est ainsi que naquit la légende de Marie Grouette, qui fait toujours dresser les cheveux sur la tête de tous les petits enfants du Nord Pas de calais.
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Claudie Becques le 22/06/09
Mais que venez-vous donc me conter là?
L'histoire d'une jeune fille qui tua
Toute une famille de cancrelats
En leur jouant tous les jours du tuba?
Et qui, par la suite se transforma
En despotique chef d'Etat?
Ni vote, ni assemblée, ni sénat
Et tout un peuple qui, point ne broncha?
Mais que venez-vous donc me conter là?
L'histoire d'une dictatrice qui tua
la démocratie sur un air de rumba
Tout en jouant tous les jours du tuba?
Et qui, par la suite se transforma
En star incontestée de tous les médias?
Ni liberté d'expression, ni débat
Et des discours farfelus qu'on goba?
Mais que venez-vous donc me conter là?
Et qui est donc cette Roberta?
Ce n'est pas en France qu'on verrait cela
Où règne le roi des cancrelats
Et aucun cancrelat ne se transforma
En humain, non, ça n'existe pas!
La métamorphose de Roberta
N'est qu'histoire inventée pour Déborah.
Enriqueta
Il était une fois une jeune femme, qui, au détour d'un chemin , tomba sous le charme d'un étrange crapaud, Roberto (habitant un jardin, où plutôt le régentant). Pendant plusieurs semaines, elle resta, cachée, à l'observer, jusqu'au jour, où... elle prit son courage à deux mains pour lui écrire une lettre...
La participation de Vival33
“ Monsieur,
Si je me permets de vous écrire, c’est qu’enfin j’ai trouvé le courage de le faire. Monsieur, je suis une de ces admiratrices, qui passe régulièrement devant votre demeure.
Je ne sais par quel hasard miraculeux j’ai été guidée jusqu’à vous, et je commence à croire au destin, à ce chemin déjà tracé, enfin je crois à ma libération future.
Un jour, je vous ai vu, assis dans l’herbe, j’ai surpris votre regard si bienveillant, votre air méditatif m’a ému, à un point que vous ne pouvez imaginer. Troublée par cet éveil de ma conscience, réveil de ma mémoire endolorie, des sentiments... Et pour ne pas être vue de vous, je me suis cachée derrière le muret, vous êtes si beau à contempler!
Chaque matin, depuis plusieurs mois, je vous observe ainsi avec un coeur pétri d’amour.
Si j’arrive enfin à rédiger cette lettre aujourd’hui, avec ces mains que je ne maîtrise pas encore bien, c’est que justement je m’inquiète de votre absence: dix jours que je ne vous ai vu.
(D’ailleurs, à ce sujet, j’aimerais vous entretenir de Monsieur votre aide de jardin: votre nain de jardin, qui, depuis votre mystérieuse disparition, mène une vie que je qualifierai d’extravagante: voilà dix matins que je le voie s’ébrouer sur votre territoire, lui habituellement stoïque, le voici qui s’anime et décide de ravager votre lieu de promenade. Savez-vous ce qu’il fait? Il creuse des galeries souterraines. Je le soupçonne de vouloir s’évader de son enclos, et de préparer un tunnel qui le mènera à l’allée salvatrice: vous devez intervenir Monsieur! revenez! Ce nain a besoin de votre présence: livré à lui-même il n’est plus lui-même, quant à moi-même...)
S’il vous plaît, agissez! Apparaissez! Monsieur, je me languis de vous. J’aimerais tant vous voir dans l’exercice de votre autorité virile, animé par le puissant feu de votre charme ravageur. Ah, comment vous prouver cet amour contenu?
En vous livrant mon secret?
Croyez-vous aux mots?
Aux puissants envoûtements?
Vous vous fiez plus à votre perception... alors comment communiquer?
Et si vous me perceviez mal?
Je vous semble trop humaine?
Monsieur, je suis prête à devenir une autre, par amour, à évoluer, à progresser, grandir ou rapetisser, m’abêtir non, non, ne le prenez pas mal! mon langage est mal choisi, je voulais parler de laisser libre cours à mon instinct animal, “m’animaliser” devrais-je écrire?
Votre apparente sagesse déclenche en moi un tel amour, si fou!
J’exulte!
Oui Roberto, permettez que je vous appelle par ce prénom (j’ai entendu cette autre “elle” vous surnommer ainsi).
J’avoue, je reste longtemps dans l’ombre du muret pour entendre le doux son de votre voix, mais ce n’est pas de l’inquisition, simplement vous déclenchez chez moi une ardeur, un zèle si extrême.
Oh, j’ai déjà essayé de vous oublier, de ne plus vous espionner, mais je n’y arrive pas. Et quand je vous entends parler avec cette “Elle”, je... oui je suis livrée aux affres de la jalousieJe vous ai dans la peau, cher crapaud, et mes cellules ne demandent qu’à se rapprocher de vous.
D’ailleurs c’est normal, logique, irréfutable, il faut que je vous avoue, vous révèle mon terrible secret, je sais que je peux avoir confiance; je me suis réveillée toute verdâtre ce matin, ce qu’on dit, et ce qu’on m’a toujours dit: l’amour fait des miracles, non?
La métamorphose.
En fait, tenez-vous bien (pas trop, tout de même), il s’agit d’un retour à la normale. On m’a jeté un sort! Me condamnant à une apparence humaine, jusqu’à ce que l’amour...
Savez-vous que je me prénomme Roberta?
Amusant, troublant, prémonitoire... tant de simillitudes que j’en deviens similaire. Au réveil, ce matin, je n’avais plus que quatre doigts maigres et collants, verdâtres. Je redeviens comme vous, Roberto... Pardonnez cette exaltation...
Ah Roberto, permettez que je vous tende la main, que je vous l’accorde, ne trouveriez-vous pas bienvenue la présence d’une bague à mon doigt?
Une alliance si vous le souhaitez.
Oh, même un bijou de brindille tressée m’irait amplement... et pour fêter nos épousailles (je sens que vous n’allez pas me refuser un mariage, ce n’est pas votre genre) nous prendrons quelques vers ensemble, et l’enchantement s’estompera jusqu’à s’effacer ainsi je serai définitivement débarrassée du charme maléfique qu’on m’a jeté, (oui pour se faire il faut que je vous épouse, vous verrez, vous ne souffrirez pas) et je pourrai reprendre ma forme première et quitter cette apparence humaine, ce corps qui m’emprisonne depuis si longtemps: enfin, la magie rompue, je redeviendrai crapaud et princesse, fille de roi et de reine et vous, vous serez mon sauveur, oui, l’amour fait des miracles... mon prince, et vous ne pourrez que constater comme les pustules me vont bien.
Roberto, je vous dis: OUI
Votre Roberta"